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le blog de jean-luc charlot
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19 juillet 2020

Un éclairage de l'arrière plan du rapport "Piveteau-Wolfrom".

Le rapport « Piveteau-Wolfrom » intitulée « Demain, je pourrais choisir d’habiter avec vous » propose une boîte à outils techniques, administratifs et juridiques, adossée à quelques principes, aux fins de contribuer à développer à grande échelle des formules d’habitat dites accompagnées, partagées et insérées dans la vie locale. Ce rapport, dont les auteurs avouent (en s’en excusant) l’austérité technique (page 10) laisse comme en arrière-plan ce qui fait pourtant sa finalité : l’habiter. Nulle critique ici, puisque le rapport répond avec précision (et parfois innovation) à la demande du premier ministre qui était de proposer une « stratégie nationale pour le développement de ces formules d’habitat ». Un arrière plan qui affleure parfois cependant, comme quand il est précisé que « le fait d’habiter est beaucoup plus et bien d’autres choses que simplement « se loger » et englobe des relations et des modes d’interactions avec tout l’environnement de vie « (page 11).

Le livre de Patrick Avrane (Maisons. Quand l’inconscient habite les lieux) vient utilement éclairer l’arrière plan du rapport « Piveteau-Wolfrom ». Dans ce petit livre érudit qui nous fait parcourir les constructions du Corbusier, le refuge de Robinson Crusoé, les habitations d’Émile Zola ou de Jules Barbey d’Aurevilly ou les maisons évoquées par Vermeer, Edward Hopper ou Magritte, l’auteur nous fait ressentir ce qu’habiter veut dire.

Il nous rappèle que la « maison » est un refuge, une enveloppe qui protège et permet les échanges. Mais aussi que ce refuge n’a pas la même coloration selon qu’il est choisi ou contraint ; et que sauf à vivre dans un monastère ou à subir la contrainte de la prison ou de l’hôpital, habiter un lieu n’implique pas la réclusion. Soit le rappel du consentement de l’habitant au choix de son mode et lieu d’habitat et de la liberté de sortir et d’entrer chez soi, comme conditions d’un véritable habiter.

Et puisque, dans le prolongement de l’article 129 de la loi Elan, le rapport « Piveteau-Wolfrom » privilégie (sans toutefois en écarter totalement les autres) des modes d’habiter comportant des dimensions collectives ou de vie partagée, Patrick Avrane, éclaire également cette dimension. En rappelant que partager une maison, c’est partager un territoire, mais c’est aussi faire en sorte que chacun de ses habitants puisse dire « Je suis chez moi ». Et que c’est l’aménagement de l’usage de la maison qui rend cela possible (ou pas) : la maison rêvée de chacun doit pouvoir trouver sa place dans le bâtiment occupé par plusieurs. Soit le rappel de quelques conditions pour que la vie collective ou partagée ne tourne pas à l’institution totale qu’a si bien décrit et analysé Erving Goffman.

 

Patrick Avrane, Maisons. Quand l’inconscient habite les lieux, Paris, PUF, mai 2020, 198 pages, 17 euros.

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